INTERVIEW

Quel est le thème central de ce livre ?
Pangée est un conte philosophique, une fable métaphysique qui interroge la foi, l’espoir, les croyances et l’état d’être humain. J’ai l’impression que les croyants et les non-croyants ont de plus en plus de mal à discuter entre eux. Je suis donc parti d’une idée simple pour écrire ce roman : que se passerait-il si un athée convaincu, un militant anticlérical affiché, découvrait que finalement Dieu existait et l’acceptait à ses côtés.

Pourquoi lui avoir donné le prénom Pangée ?
Pangée est le nom du premier continent, avant que la tectonique des plaques ne le divise en six… Le clin d'oeil scientifique dans un roman sur la religion me paraissait intéressant.

Croyez-vous en Dieu ?
Non je ne crois pas en Dieu. En revanche je suis bien obligé de reconnaître son existence car les trois quarts de l'humanité croient en lui et vivent selon des préceptes édictés par des Eglises. Il n'existe pas dans mon esprit mais bien dans la tête des gens.

Le livre semble truffé de références aux grands textes religieux…
Effectivement j'ai lu et relu l'ancien testament, la kabbale et tous les textes fondateurs des grandes religions afin de composer un décor et un univers crédibles pour tous les croyants.

Justement, le ton décalé et humoristique ne pourrait-il pas choquer les gens qui ont la foi?
Pas du tout. Au contraire, si Dieu existe pour eux, l'humour a dû être inventé par lui et ces croyants sont à mon avis tout à fait capables de le pratiquer!

Certes mais on ne peut pas dire que les Livres soient des textes très drôles!
Cela dépend du point de vue du lecteur. Moi j'ai essayé d'interpréter ces textes en posant des questions simples comme "et si un élu refusait le paradis, comment Dieu pourrait-il l'obliger à accepter ? Jusqu'où serait-il prêt à aller ? Serait-il prêt à utiliser les charmes d'une jeune femme délurée et dévergondée juste pour le convaincre de rester au Paradis ? Peut-on vivre une éternité sans avoir de pensées sexuelles ou de désirs, comme c'est le cas pour les anges ?". J'ai essayé également de trouver des réponses à des questionnements que je me posais depuis tout petit :" Est-ce idiot d’imaginer qu'on puisse tomber amoureux au paradis et qu’on veuille y avoir un enfant ?" J’aime bien cette idée de vouloir donner la vie alors qu’on est mort.

Votre vision du jardin d'Eden est un peu particulière…
L'histoire de Pangée m'a obligé à revisiter un certain nombre de choses au sujet de ce jardin. J'ai essayé en particulier d'imaginer ce qu'il se passerait si un élu accepté au paradis refusait d'y vivre. Pour moi la réponse à ce problème serait simple: tout commencerait à se détraquer et l'harmonie divine deviendrait un joyeux bordel : les anges deviendraient fous, les plantes cesseraient de pousser, les rivières de couler, le soleil de se lever à l'Est...

Pourquoi traiter de cette question dans un roman et ne pas avoir choisi la voix de l'essai philosophique ?
J'avais envie de parler de Dieu mais d'une manière décontractée. Je trouve que les gens deviennent beaucoup trop sérieux quand il s'agit de parler de religion.

Dans votre livre vous montrez que l'homme n'a pas à se laisser dicter quoi que ce soit quand bien même Dieu existerait…n'est-ce pas ?
Oui, mon idée est qu'il est assez égoïste de la part d'un Créateur de refuser à sa création la liberté de penser et d'agir alors même qu'il a donné à l'homme une liberté de conscience.

Vous avez aussi une conception assez particulière de l'Enfer…
Oui, sans dévoiler ce qu'est l'Enfer, j'ai beaucoup travaillé et cherché un décors idéal pour punir les hommes de tous leurs méfaits. Après de longs mois de recherche, je crois y être arrivé.

Qu'est-ce que vous espérez avec ce roman ?
Mon but est de distraire les lecteurs et si possible de questionner avec humour autant les athées que les croyants sur leurs certitudes.